Utilisation Communautaire Irrationnelle Des Antibiotiques Avant L’admission A L’hopital Pediatrique.

Résumé: L’utilisation inappropriée des antibiotiques favorise l’émergence de bactéries multi-résistantes. Elle constitue un problème mondial urgent et grave de santé publique surtout chez les enfants où les antibiotiques sont fréquemment prescrits. Des études à Antananarivo révélant une prévalence élevée de portage rectal d’entérobactéries productrices de bêtalactamase suggéraient une acquisition importante en milieu communautaire. Ce travail avait alors pour objectif de décrire les pratiques d’antibiothérapie en milieu communautaire et leur conformité aux recommandations récentes. Cette étude transversale rétrospective a duré 9 mois, de Janvier à Septembre 2017. Tous les enfants âgés de plus de 28 jours, admis dans le service de pédiatrie du CHU Mère-Enfant Ambohimiandra, qui avaient reçu un antibiotique avant l’hospitalisation ont été inclus. Les patients sortis sans avis médical ont été exclus. Sur les 766 patients âgés de plus de 28 jours admis, 209 (27,28%) avaient reçu une antibiothérapie. Ils provenaient des 6 arrondissements et des zones suburbaines de la ville d’Antananarivo. Les nourrissons représentaient 76,56 % de notre échantillon dont 38,75% âgés de moins de 6 mois. La toux, la fièvre et la diarrhée ont été les principaux symptômes de prescription d’antibiotiques. Le délai moyen entre le début des symptômes et la première prise d’antibiotique a été de 2,32± 5,21jours avec 36,84% moins de 1 jour. Les patients ont été hospitalisés après en moyenne 2,53± 2,35 jours. L’amoxicilline, l’ampicilline, le sulfaméthoxazole-triméthoprime, l’amoxicilline-acide-clavulanique et le métronidazole étaient les plus utilisés. La prescription a été irrationnelle dans 75,12% des cas dont 73,21% réalisés par des médecins généralistes libéraux. En conclusion, les nourrissons sont les plus exposés aux prescriptions irrationnelles d’antibiotiques en milieu communautaire à Antananarivo. Les risques sur leur santé future s’ajoutent à ceux de l’augmentation de l’antibiorésistance. La formation continue des médecins doit inclure les généralistes libéraux.

Publié dans la revue: journal algérien de médecine