La Démocratie À L’épreuve De La Décentralisation : L’exemple De La Commune En Algérie*

Résumé: Cette étude a démarré à la base par une analyse de la démocratie, elle s’est achevée au sommet par un examen de la tutelle. Ce détour par la tutelle est inévitable dans la mesure où il rentre dans la définition même de la décentralisation, détour qui renvoi en dernière instance au positionnement de la démocratie locale face au pouvoir central. La décentralisation comme perspective de renforcement de la démocratie pose la question du dosage entre pouvoir central et pouvoir local, du compromis entre groupes dirigeants et forces politiques locales. C’est dire que le concept de décentralisation territoriale recoupe en son sein une thèse (la démocratie) et son contraire (la tutelle). Le pluralisme politique ne signifie pas nécessairement démocratie, il en est un gage supplémentaire. La démocratie pluraliste implique la reconnaissance de forces politiques légitimées par l’élection et organisées dans des partis, le passage du laos au démos. La décentralisation peut aider à franchir ce pas en amenant la population à s’intéresser effectivement à la vie de la collectivité, en passant d’une intégration forcée par la mobilisation à une adhésion volontaire par la responsabilisation, en respectant les formes de vie traditionnelles qu’on a tenté de soumettre ou d’éliminer. Elle peut favoriser une culture participante dans un État considéré traditionnellement comme allogène. Les centres de décision locaux doivent être soutenus par l’État sans quoi la décentralisation risque de n’être qu’un transfert des problèmes au niveau local, compris comme lieu de résolution des crises et n’apparaitre ainsi que comme écran de protection du pouvoir central. L’État est toujours en porte-à-faux avec la décentralisation, et partant avec la démocratie locale, il ne peut les admettre que s’il les contrôle. Certes l’Algérie a connu un progrès par rapport à la situation antérieure, mais la modernisation politique reste encore à parfaire pour parler de pouvoir local au lieu de décentralisation, de démocratie au lieu du pluralisme partisan. Le pourvoir demeure encore fragile car insuffisamment institutionnalisé et assez fortement subjectivé. * Communication présentée au colloque Administration et droits de l’homme, Tunis, 26-28 juin 1991.

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