Chronologie Des Injections Magmatiques D’in Téria (illizi, Algérie) : Mise En Évidence D’un Épisode Kimberlitique

Résumé: Sur une grille pétrogénétique, diverses données concernant les domaines subsolidus des paragénèses mantelliques, les solidus des roches ultramafiques ainsi que les courbes expérimentales limitant les domaines des magmas alcalins sont recoupées avec les données thermobarométriques propres à la région d’In Téria et les données sur les géothermes des régions sahariennes (Hoggar, Tassili, Plate-forme saharienne). Le magmatisme alcalin polyphasé d’In Téria peut être ainsi appréhendé depuis la formation de kimberlites probables jusqu’aux dernières émissions mélilitiques (épisode mélilitique II), en passant par les épisodes mélilitique I et carbonatitique; l’évolution de la lithosphère peut être aussi estimée depuis un stade de lithosphère épaisse (stade cratonique, épisode kimberlitique ; P≥150 km) jusqu’à un stade d’amincissement litho-sphérique (épisode mélilitique II; P≤50 km). Ces quatre épisodes magmatiques traduisent une longue période d’érosion thermique, qui a été principalement marquée par la cristallisation, à partir de magmas de composition kimberlitique ou mélilitique, de pyroxénites alcalines abondantes. Probablement lié à l’ouverture de l’océan atlantique, ce volcanisme représenterait au Sahara une manifestation de la période de « magmatisme global » mésozoïque-cénozoïque. A l’échelle de l’Afrique du NW, le plus grand volume de laves alcalines, qui s’est épanché durant le Cénozoïque, montre une distribution spatiale et chronologique qui tend à accréditer plutôt l’hypothèse de l’intrusion de points chauds que celle d’une remontée asthénosphérique. Sous les Tassili N’Ajjer, ce sont les données de géophysique qui ont mis en évidence l’existence de fortes anomalies thermiques liées au passage d’un point chaud, selon une direction E-W à ENEWSW (axe Illizi-In Salah), qui serait conforme aux directions mésozoïques relevées dans le Hoggar voisin ou au sein même de la Plate-forme saharienne. Si, à In Téria les ultimes manifestations mélilitiques (II) ont eu lieu au Quaternaire tardif, la venue antérieure et discrète de probables kimberlites, pourrait remonter au Crétacé, bien avant la période principale d’extension cénozoïque, qui a vu la formation de nombreuses pyroxénites alcalines, représentant plus de 70 % des xénolites ultramafiques récoltés dans les cratères de ce district.

Publié dans la revue: Bulletin du Service Géologique de l'Algérie