D’aristote Aux Poètes Maudits : Folie Et Grandeur En Héritage

Résumé: Cet article revisite les poètes maudits de la IIème moitié du XIXème siècle, incompris, marginalisés et chez qui la réception soupçonne une dysharmonie mentale eu égard à leur agir quotidien asocial, bohémien et à leur appétence à mettre en crise systématiquement la régularité architecturale, structurale et rythmique du texte versifié consacré par les arts poétiques et toute l’aristocratie littéraire. Ces poètes mélancoliques, relégués à la périphérie de la société de consommation, pour se consoler et légitimer leur posture victimaire, vont exhumer les théories aristotéliciennes des humeurs et tempéraments qui associent folie (bile noire) au génie et à la grandeur. Ces poètes singuliers vont alimenter le mythe moderne du poète maudit, créateur génial mais en buttes à l’excommunication d’« une foule envieuse et avide de nivellement général » (Brix M., 261). De façon inattendue, leur travail de sape dépouille la poésie des imperfections et fait de ces poètes infortunés mais « fous de modernité » des acteurs clés du nouvel ordre poétique. Leur bonheur globalement posthume, leur glorieuse postérité font des poètes maudits les visages les moins contestés de l’avant-garde poétique.

Publié dans la revue: Paradigmes